Racisme anti-jeune
On est quand même dans une sacré merde.
L'affaire Finkielkraut me rappelle trop l'affaire Dieudonné, l'humour
en moins. Pour rappel : Dieudonné avait été accusé d'antisémitisme pour
un sketch qu'il avait réalisé sur France 3 et pour lequel on lui
reprochait d'avoir dit "Heil Israël !" (entre autre). Finkielkraut,
lui, n'est pas humoriste, mais ça ne l'empêche pas de nous pondre des sketchs de temps en temps. Je ne pourrais pas dire si Finkielkraut apprécie Sarkozy, par contre, je peux dire que Sarkozy apprécie Finkielkraut.
La
merde dans laquelle nous sommes, c'est qu'ils ont raison. Oui, le
sentiment anti-racisme est excessif, trop, sûrement. Le vote de 2002,
celui où le borgne s'est retrouvé en finale, ne résultait pas de 20% de
racistes, mais bien de 20% d'êtres humains qui ont fait le choix de
voter pour un parti d'extrème-droite. Insulter et traiter les électeurs
de monsieur Le Pen ne fait effectivement que renforcer leurs
convictions, leur sentiment d'être à part. Alors, oui, je suis d'accord
avec eux, l'anti-racisme est aussi préoccupant que peut l'être le
racisme. S'interdire de dire du mal d'un noir parcequ'il est noir,
c'est anti-raciste, mais au fond, si on gratte un peu, c'est également
raciste, puisque la couleur de peau devient un facteur décisionnel.
C'est cette schizophrénie-là que dénoncent les deux zigotos cités
au-dessus et je les rejoins sur ce point précis.
Mais ... (eh oui,
il y en a un) ... ce qui me chiffone, c'est quand même que ça vient de
: M. Sarkozy, qui fait actuellement le trottoir du côté de St Cloud, à
tel point que Le Pen devrait aller porter plainte pour concurrence
déloyale et violation de la propriété intellectuelle (peut-être
attend-il que le projet DADSVI soit voté
...) ; et de M. Finkielkraut, qui a violemment attaqué Dieudonné pour
des propos qui sont quasiment identiques à ceux qu'il tient aujourd'hui.
Finkielkraut a fait des excuses,
il est donc médiatiquement absoud (je dis médiatiquement, parceque
c'est pas parceque Hitler aurait fait paraître un article s'intitulant
"vous m'avez mal compris" que je lui aurait pardonné, bref, ce n'est
pas le sujet ...). Le MRAP renonce même à des poursuites, alors que
Finkielkraut n'aura pas exprimé la moindre demande de pardon pour des
propos avec lesquels je suis certes d'accord dans une infime partie,
mais qui restent des propos blessants et provocateurs.
Je le
rejoins sur le fait que nous vivons une situation complétement
schizophrénique, où l'on est soit des racistes, soit des émeutiers (ou
des soutiens actifs). Mais rappelons-nous quand même que ces deux
personnages, Finkielkraut et Sarkozy, sont depuis plusieurs années
passés maître dans l'art de l'amalgame et que cette schizophrénie, nous la leur devons ! Finkielkraut qui gueule contre Dieudonné, mais qui soutient le colonialisme ("le projet colonial entendait éduquer et amener la culture aux sauvages"),
il se fout de la gueule du monde. C'est cette attitude schizophréne de
nos dirigeants et de nos leader d'opinion qui amène à cette folie
autour du rascime et de l'antirascisme. Que penser de Sarkozy, répétant
à qui veut l'entendre qu'il est d'origine étrangère, et qui nous fait
tout un foin pour expulser les étrangers qui ont participer aux émeutes
pour apprendre quelques jours plus tard que cela ne concerne que ... 7
cas. Et il rebondit en déclarant "Je ne comprends pas pourquoi ça fait débat, c'est la loi". Ben
justement, si c'est la loi, pourquoi avoir dit qu'ils seraient expulsés
? Rien d'exceptionnel là-dedans. C'est en focalisant l'attention
sur ce point-là qu'on en fait quelque chose d'exceptionnel. Or, Sarkozy
pointe du doigt pour répondre quand il voit que le vent lui est
défavorable : "ouais, mais c'est normal". Si c'est normal, tais-toi
plutôt que de faire croire que tu agis ...
Le point commun, le
gros, entre Sarkozy et Finkielkraut, c'est cette certitude que les
émeutes ont un caratère éthnico-religieux. Ils en sont sûrs ! Et s'ils
le disent, vu que les médias, c'est eux, c'est qu'ils ont raison ! Et
qu'un rapport des RG
les contredisent en déclarant noir sur blanc que ces émeutes sont nées
de la frustration et de l'exclusion, ce n'est pas possible ! Ça
m'étonnerait que Sarkozy se pointe ce soir au JT pour faire son
mea-culpa. Franchement, s'il le faisait, il me montrerait qu'il est
beaucoup plus ouvert que l'image du psychorigide nerveux et ambitieux
que j'ai. Mais c'est impossible : il chasse actuellement sur les terres
du FN et pour ça, il faut montrer qu'on a une grosse paire de couille,
non ?
Tout cela fait du coup étrangement écho à l'article d'Emmanuel de Roux : Les nouveaux réactionnaires.
Cet article montre bien qu'une grande partie de la population ne
nourrit plus aucun espoir pour le futur et cherche a retrouver un
semblant de passé. C'est le comportement typique d'une société
vieillissante. C'est très choquant, d'autant plus pour nous les jeunes,
car cela montre à quel point cette société ne croit pas en nous. Depuis
combien de temps n'ai-je pas entendu parler des "générations futures" ?
Avant, on en parlait beaucoup, aujourd'hui, évoquer les générations
futures, c'est passer pour un altermondialiste extrémiste. Comment
a-t-on pu perdre confiance dans la jeunesse, et donc dans l'avenir ?
Finkielkraut et Sarkozy illustrent tout à fait ce sentiment de rejet que
les jeunes peuvent, à différents degrés bien sûr, vivre dans leur
quotidien. Un discours non pas anti-jeune, mais tellement
paternaliste, tellement nostalgique d'un temps que nous n'avons pas
connu que cela en devient insultant. Plutôt que de pleurer le passé,
pourquoi ne pas nous permettre de construire l'avenir ? Et quand la
jeunesse s'élève d'une seule voie pour dénoncer cet état de fait, on
nous répond que nous nous trompons, et que notre sentiment de
frustration est né d'une manipulation islamiste qui cherche à
déstabiliser l'Occident. Pourquoi ne pas entendre ce que l'on a à dire
? Quel risque, sinon celui que l'on ai un jour plus aucune envie de
dialoguer le jour où les "vieux" se réveilleront ?
Quant
à tous ceux qui pensent que croire dans la jeunesse, c'est faire du
jeunisme, je leur répondrai que le jeunisme n'est pas quelque chose
issu de la jeunesse, mais bien de la vieillesse. Un jeune n'a pas à
chercher à rester jeune. Du coup, on nous fait en plus porter ce poids
du jeunisme, qui est sans doute le meilleur moyen que l'on est trouvé
pour décrédibilisé la jeunesse (avec Loft Story et la Star Ac').
Personnellement, je préférerai assister à une valorisation de la
vieillesse et une concertation générationnelle, plutôt qu'à une
valorisation du jeunisme (sentiment issu d'une certaine forme de
jalousie générationnelle) qui amène à une dépréciation de la jeunesse
et à un fossé générationnel. Mais avec le vieillissement des
générations, j'ai bien peur que ce fossé grandisse encore et encore, à
tel point que l'on assistera probablement demain à une bipolarisation
générationelle entre ceux qui regrettent hier et ceux qui veulent
construire demain.