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Blog polémique et provocateur des doléances du XXIe siècle
5 décembre 2005

Prendre les retraites en otage

Les récents évènements de manifestation de desespoir de la jeunesse illustre de manière violente l'impasse dans laquelle a été dirigée toute une génération. On nous avait promis du boulot si on faisait des études (cela évitait ainsi de gonfler les chiffres du chômage), et ce sont les métiers du bâtiments qui ont le vent en poupe pendant que la recherche et le milieu universitaire se casse la gueule. De longues années d'études signifient aussi une plus grande frustration en cas de chômage. L'Etat n'assume pas sa jeunesse en se désengageant des quartiers, en limitant de manière drastique les financements universitaires, en ne renouvelant pas son cortége de fonctionnaire (si bien que dans 15 ans, il y aura un fonctionnaire actif pour deux fonctionnaire retraités ! Elle est belle la solidarité à sens unique qui fait que le jeune qui est au chômage aujourd'hui devra payer les retraites de ceux qui refusent aujourd'hui de l'embaûcher !).
Les jeunes sont exclus de la politique : la seule véritable confrontation télévisée fut un simulacre de dialogue, et encore, on pouvait voire le fossé qui sépare la jeunesse de la génération précédente. De manière globale, la jeunesse est aujourd'hui bridée par ceux-là même qui jetaient des pavés il y a presque 40 ans. Ce qu'on reproche aujourd'hui aux jeunes finalement, ce n'est pas tant de brûler des voitures que d'être incapables de créer un mouvement fédérateur, de nommer un véritable interlocuteur qui rassemblerait toutes les composantes de la jeunesse.
Voilà pourquoi il devient nécessaire de se rassembler pour faire valoir nos points de vue, aussi contradictoire puissent-ils être. Alors que nous allons hériter d'un pays exsangue, nous n'avons quasiment aucun poids démocratique (en terme démographique, la génération du baby-boom pésera toujours plus lourd que la notre). A terme, il est à craindre que les décisions importantes ne soit prises par une bande de retraités complétement déconnectés des réalités quotidiennes des actifs et de la jeunesse.
C'est déjà le cas ? Ah bon ...

Il faut mettre dans la balance le fait que nous allons devoir payer les retraites dans quelques années, que nous allons nourrir ce pays. Face à cette responsabilité, il est plus que normal que nous soyons associés dés aujourd'hui aux décisions collectives et que l'on arrête de stygmatiser la jeunesse parcequ'elle ne se reconnaît pas ni dans l'image de voyous émeutiers que tentent de nous faire passer certains politiques et médias, ni dans l'image de nos propres parents, incapables d'avoir réussi à enrayer tout un tas de dérives (économiquies, sociales, communautaires ...) qu'ils dénoncent eux-mêmes (le fameux "non" à la Constitution). Si notre rôle consiste à accepter tout ce qu'on nous impose, je crois que vous avez oublié ce que cela signifiait d'être jeune. L'avenir passe par la jeunesse. Or, être jeune en politique aujourd'hui, c'est avoir moins de 60 ans.
Les stagiaires ont manifesté ces jours-ci, mais peu d'espoirs à la clé, sinon celui d'un compromis, d'un accord-du-moins-pire. Il faut adopter une attitude active face à l'oppression, non pas patronale comme on aimerait nous le faire croire, mais générationnelle.
Je propose de menacer de refuser de payer les retraites dans 15 ans. Cela laisse le temps de la discussion, cela nous laisse également le temps pour proposer des points de convergence globaux, à l'échelle de la société, et pas seulement pro-jeunesse. Car notre but n'est pas de prendre notre revanche sur un systéme qui stygmatise les jeunes tout leur mentant et en leur imposant les retraites de demain. Non, le but d'une telle contestation serait de construire un monde ensemble, vieux et jeunes, en se demandant ce que l'on souhaite vraiment.
Ne pas payer les retraites peut paraître trés cruel. Mais empêcher une génération de travailler et d'investir pleinement le champ politique l'est tout autant, surtout quand on impose à celle-ci de payer des retraites exhorbitantes sans même savoir si cela ne risque pas de totalement précarisé cette génération. Sans être violente, la constestation peut néanmoins être très virulente. Une telle menace, si elle paraît peut-être démesurée, est à la hauteur de la frustration que peuvent éprouver les jeunes, de banlieues ou d'ailleurs.

PS : si tu es jeune et que tu ne te reconnais pas dans la galère que j'expose, profites de ta chance, mais n'oublie pas que tu pourrais toi-aussi être au bord de la route ...

EDIT : une dépêche est parue le lendemain de cette note : elle s'intitule (ou s'intitulait si le lien ne marche plus) Le secteur de l'emploi pas sûr de bénéficier de la retraite des baby-boomers

EDIT 2 : ce groupe d'action pourrait s'appeler le GRAUPPOR pour Groupe Radical d'Action Unitaire Pour la Prise en Otage des Retraites, il veut bien dire ce qu'il veut dire, et cela reste quand même bien décalé pour un groupe politique ...

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