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Blog polémique et provocateur des doléances du XXIe siècle
16 janvier 2006

Ma contribution au débat sur le P2P

Le projet de loi DADVSI a eu au moins un mérite : celui d’ouvrir le débat sur le P2P et sur les droits d’auteur. Et c’est à ce titre que je me permet quelques remarques.

Le principal grief contre le P2P concerne l’absence de droits d’auteur, le fait qu’un ayant droit ne touche rien sur un échange effectué par cette technologie. Or, depuis quelques années, on assiste à l’explosion de sites de reventes sur Internet (Ebay, Priceminister, Amazon …) où l’on peut trouver des milliers de disques d’occasion à bas prix que tout un chacun propose à la vente. Imagine-t-on interdire ce type de site au motif que les ayants-droits ne touchent aucun pourcentage sur ces transactions ? Cela ne paraît pas concevable. Et pourtant …
En dématérialisant la musique (via des sites de vente en ligne), on interdit de fait le marché de l’occasion. Pas de support, pas de revente. Pourtant, acheter de disques d’occasion, c’est faire preuve de conscience écologique, en recyclant des produits qui pourraient finir dans les décharges.
On entend aussi que le P2P tue la création. Cependant, le P2P permet à des artistes comme moi de diffuser légalement leur musique. En effet, de plus en plus d’artistes se rassemblent sous la bannière de la musique dite libre. Des licences, comme les Creative Common ou le copyleft, permettent désormais à de petits artistes de ne plus passer par la SACEM (et par ses tarifs exorbitants) pour protéger leur musique. Des sites (par exemple Jamendo) s’appuient même sur le P2P pour diffuser leurs artistes. Interdire cette technologie, c’est interdire à ces artistes de diffuser leur musique. Peut-on imaginer interdire la voiture sous le prétexte que de nombreux conducteurs enfreignent chaque jour le code de la route ? Non. C’est pourtant ce qui se passe avec le P2P. La musique libre est souvent considérée comme une musique au rabais, puisque gratuite. Il suffit pourtant de se promener sur des sites tel que Jamendo ou Musique-libre.org pour bien se rendre compte que la technologie permet aujourd’hui à de nombreux artistes de créer en toute indépendance de véritables chef-d’œuvre. Verra-t-on un jour un DADVSI 2 interdire la musique libre au motif que celle-ci fait de l’ombre aux industriels de la musique ? Rien n’est moins sûr …
Concernant la licence légale optionnelle, qui a été adopté au mois de décembre, mais qui sera probablement amendée, je ne peux m’empêcher de rapprocher cette « solution » du mode de fonctionnement actuel des radios. En effet, celles-ci ne rémunèrent pas directement les artistes : elles paient une redevance à la SACEM pour avoir le droit de diffuser ce qui leur chante. Ce que l’on autorise aux radios (payer un forfait), on l’interdit au citoyen lambda, alors même que nous n’en tirons aucun bénéfice financier. 82% des artistes se disent favorables au P2P et 13461 d’entre eux (au mois de décembre 2005) ont signé une pétition en faveur de celle-ci (sources : ADAMI & SPEDIDAM). Pourtant, ce sont toujours les mêmes qui sont invoqués ou interviewés pour légitimer ce projet de loi liberticide, comme si ces 82% ne signifiaient rien. Il me semble pourtant que ce chiffre fut qualifié de « raz de marée » lors de la précédente élection présidentielle !
De nombreux créateurs jugent que la licence globale reviendrait à payer une entrée dans un supermarché pour prendre ensuite tout ce que l’on veut. Cela démontre à quel point leur vision des choses est mercantile : d’une part, parce que les plus gros téléchargeurs sont aussi les plus gros acheteurs de disques. Mais surtout, parce que l’objet compte énormément au véritable amateur : un mp3 a rarement la qualité du disque pressé (surtout s’il provient d’un magasin de vente en ligne), et la qualité d’un divx ne vaut pas celle d’un DVD. Et quel plaisir de pouvoir prêter un disque, de pouvoir le transmettre à ses amis, mais aussi à sa famille et à ses enfants. En simplifiant le P2P à la gratuité, nos chers créateurs médiatiques montrent une fois de plus tout le mépris qu’ils ont de leur public !
Pour finir, je tiens à rapprocher le phénomène actuel du P2P aux médiathèques municipales que l’on connaît tous. On peut en effet emprunter, sans payer de redevance particulière, des disques, des DVD, mais surtout des livres. Les bibliothèques ont-elles tué le livre ? Je ne le crois pas. Au contraire, elles participent à son essor, en faisant connaître des auteurs qui n’ont pas la chance de bénéficier de plan média, mais surtout, en achetant des livres, qui pour certains ne seront peut-être jamais lu. D’ailleurs, ces médiathèques vivent de l’argent publique. Or, ces budgets sont directement issus de nos impôts. Et d’une certaine manière, nous finançons déjà l’achat de produits culturels que l’on nous interdit ensuite de télécharger.

Une médiathèque est, selon la définition qu’en donne Le Petit Robert, une « collection rassemblant des supports d’information correspondant aux différents médias ». Quelle meilleure médiathèque que le P2P ?

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Commentaires
M
Merci, c'est très gentil.
Y
Bonne réflexion ! Bons arguments ! Je ne saurais mieux dire !!!
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